Le dimanche 25 mai 2005, le peuple français porte un coup d'arrêt au processus de
ratification de la Constitution Européenne. Ce texte, sensé donner une nouvelle dimension
aux Institutions de notre continent, est jugé trop libéral; il paye aussi les pots cassés
de la dégradation du niveau de vie des français, même si personne n'est capable de dire
quel aurait été le pouvoir d'achat d'un français sans l'euro par exemple. Depuis cette
date, c'est le calme plat.
Plat? Pas tout à fait. Les grands médias nationaux diffusent tout les jours, ou presque
la situation de l'entrée de la Turquie dans notre Union, à grand renfort de polémiques.
Mais quel est cet engouement pour une information bien pauvre? La remarque est un peu forte,
il est vrai. La question de l'élargissement de nos frontières, de notre population, de notre
culture n'est pas sans interêt. Mais quelle est la vraie question du moment? Quels sont les
vrais soucis de notre pôle européen au sein de ce monde multipolaire?
Ne pas mettre la charrue avant les boeufs.Il semble cohérent de définir le contenant avant
d'y ajouter n'importe quel contenu. Suivant ce schéma simple, la préoccupation majeure des
politiques, des journalistes, des citoyens devrait être dans un premier temps de se demander
comment doit fonctionner l'Europe, avant de savoir qui va bientôt faire parti des nôtres.
La situation n'est, bien sur, pas si simple. L'adhésion de la Turquie dans un futur proche,
influence bien évidemment la solution qui va être choisi pour le fonctionnement de notre Union.
Les turcs, avec 70 millions d'habitants (chiffre supérieur à celui de la France), aurait un
poids fantastique si la désignation des responsables politiques se faisait proportionnellement
au nombre d'habitant. Ceci n'est qu'un exemple,mais le problème n'est pas là.
Le coup de projecteur mis sur la Turquie nous fait oublier les priorités. Elle amène de surcroît
de la confusion dans les esprits de nos concitoyens, ceux venant de France voyant déjà tout cela
d'un mauvais oeil. Définissons nos Institutions, c'est urgent et important. Nous serons bientôt 27
pays, autant de Peuple avec une seule voie dans le monde. C'est déjà bien suffisant et beaucoup trop
pour les frêles épaules du traité de Nice.
Mais le plus triste, c'est que nous sommes en période électorale. Et aucun candidat à ce jour
ne parle clairement de l'avenir institutionel de notre continent, alors que le seul et unique chantier
pour le Président de la République française est celui-là. La citoyenne Royale parade au congrès du
Parti des socialistes européens ce jour, déclarant vouloir se remettre à la tâche, pour déboucher sous
la présidence française en 2008. Se remettre à quelle tâche? Déboucher sur quoi? A part quelques phrases
vide de sens et une belle mise en plis, il n'y a rien d'autre que du contournement des questions. Ceci
nous permet encore de croire que, suivant tel ou tel candidat, l'Europe
se fera ou pas. Mais non! Les candidats sont en réalité les pieds et les poings liés au sort de l'Union.
La seule latitude qu'ils ont, et c'est la plus importante, réside dans le capacité à choisir le modèle qui
va être appliqué. Les français n'ont pas voté non au référendum parcequ'ils sont contre l'Europe, ils ont voté
non car ils ne veulent pas d'une Europe à l'image de l'Angleterre ou des Etats-Unis. L'économie est de marché,
mais pas la société. Le citoyen Jospin en édictant ce principe il y a bientôt 10 ans, connaissait la dérive à laquelle l'Europe,
et a fortiori la France, allait être confrontée. Et tout ceci passe par un discours politique responsable et clair.
Il ne faut plus mentir aux peuples, et ensuite les mettre devant des faits accomplis, en se dédouanant par la suite:
"C'est de la faute des bureaucrates à Bruxelles!".
Arrêtons de nous laisser aveugler par une fausse lumière. Les réalités sont connues. Les candidats sont là. Posons-leur les bonnes questions. Et votons en fonction de ces dernières.